Hygiène
Sommaire
Rappel des mesures d’hygiène chez la femme enceinte
Conseils d’hygiène à recommander
Composants des produits d’hygiène controversés
Quelques pistes pour guider les patientes enceintes
Le terme « d’Hygiène » est large et peut désigner de nombreuses choses :
Ont déjà été traité dans d’autres rubriques :
- Hygiène physique : Le sport.
- Hygiène dentaire : Soins dentaires.
- Hygiène alimentaire : Besoins nutritionnels de la femme enceinte.
- Les bons gestes d’hygiène : Toxoplasmose, listériose et CMV.
- L’hygiène intime : Leucorrhées et prurit vulvaire.
Ne sera traité ici que les gestes d’hygiène à adopter et l’hygiène corporelle de la femme enceinte. Peu d’études cliniques existent sur les effets réels des composants des produits cosmétiques, dont font partie les produits d’hygiène.
Rappel des mesures d’hygiène chez la femme enceinte
Se laver les mains avant chaque repas et après chaque manipulation de produit souillé pouvant contenir de la terre ou des parasites (denrées alimentaires, fruits et légumes frais) ou après un épisode de toux ou d’éternuement.
Se couvrir la bouche à chaque épisode de toux et le nez à chaque éternuement.
Se moucher dans des mouchoirs à usage unique.
Fiche « Synthèse des mesures de précaution chez la femme enceinte » disponible et imprimable dans les Outils Pratiques.
Conseils d’hygiène à recommander
Une seule douche quotidienne est recommandée.
En cas d’hypersudation avec la grossesse, il est possible de prendre 2 douches.
La douche doit être courte, à une température tempérée. En fin de douche, un passage d’eau froide sur les jambes peut soulager le phénomène de jambes lourdes, qui apparait en milieu et fin de grossesse.
Les savons « saponifiés à froid » et les savons bio « surgras » sont à ce jour les moins détersifs pour la peau et de 1er choix pour l’hygiène sous la douche.
En cas d’hypersensibilité cutanée globale, on conseillera l’abstention totale de savon et de gel douche, au profit de lait de toilette, d’huile de douche sans savon, de syndet, ou de lotions « hydratantes ».
Les toilettes intimes peu agressives, à pH neutre voire alcalin, sont possibles mais ne doivent pas être systématiques. Les toilettes intravaginales sont proscrites car elles détériorent la flore et risqueraient de faire émerger vaginoses et mycoses.
La sécrétion de cortisol durant la grossesse provoque la diminution de la synthèse de collagène. La peau perd de son élasticité.
De plus, la prise de poids et la distension de l’abdomen, des hanches et l’augmentation du volume mammaire, créer un phénomène de traction sur la peau à l’origine des vergetures. Celles-ci sont difficiles à prévenir.
La xérose cutanée étant très fréquente durant la grossesse, on recommandera donc l’application quotidienne d’un émollient hydratant à visée préventive et curative.
Des huiles végétales (dépourvues d’huiles essentielles) peuvent être appliquées en massage :
- L’huile de calendula, indiquée pour les peaux réactives ou avec eczéma.
- L’huile de noyau d’abricot ou d’amande douce, pour les peaux sèches.
- L’huile de pépins de raisin, est neutre.
- L’huile de jojoba, est hydratante.
- L’huile de sésame, est adaptée à tous types de peaux.
- L’huile de rose musquée, aide à lutter contre les vergetures.
Composants des produits d’hygiène controversés
De nombreuses controverses existent sur les formulations des produits cosmétiques lors de la grossesse, pouvant être à l’origine de tératogénicité ou de foetotoxicité. Ceci est jugulé aussi par la période d’exposition.
Aucun composant n’a fait la preuve formelle, dans des études cliniques menées chez la femme enceinte de niveau de preuve élevé, d’une toxicité ou d’une innocuité.
La cosmétovigilance constitue une surveillance nationale et européenne, des produits d’usage quotidien.
En vertu du principe de précaution, il est donc recommandé de limiter l’exposition des femmes enceintes aux :
- Perturbateurs endocriniens (parabènes, phénols, styrène, formaldéhyde (ou aldéhyde fornique), phtalates, le triclosan ou le phénoxyéthanol).
- Produits allergisants ou photosensibilisants : Formaldéhyde, colorants, parfums de synthèse.
- Produits dérivés du pétrole (huiles minérales).
- Les filtres solaires pour leur contenance en nanoparticules de : Dioxyde de Zinc, de 2-hydroxy-4-methoxybenzone, de dioxyde de titanium.
- Produits sans rinçage (plus facilement absorbés par la barrière cutanée et avec passage systémique aléatoire) et les produits en spray (risque d’inhalation avec passage systémique).
- Sels d’aluminium présents dans certains déodorants.
A l’heure actuelle, ces produits sont considérés toxiques lors d’une utilisation prolongée, mais pas de manière ponctuelle.
Les huiles essentielles n’ont pas fait l’objet d’étude d’efficacité et de sécurité durant la grossesse, l’évaluation de leur rapport bénéfice risque est impossible.
Par mesure de précaution, il faut donc s’abstenir de les utiliser, en particulier à T1 :
- Pour des vertus thérapeutiques.
- En cosmétologie.
D’un point de vu dermatologique, elles sont très concentrées et donc potentiellement irritantes et allergisantes.
Elles pourraient être neurotoxiques (sauge, menthe, eucalyptus et camphre) et abortives d’après certaines données.
De même, elles ne sont pas recommandées avec l’allaitement.
Les sirènes du marketing naturel et des produits « bio » tirent profit des cosmétiques utilisés lors de la grossesse, mais ils ne sont pas une garantie absolue, il faut pouvoir décrypter les composants du produit utilisé.
Quelques pistes pour guider les patientes enceintes
Certains produits cosmétiques bénéficient d’un logo d’avertissement, prévenant d’une substance pouvant avoir une incidence sur la santé de la femme ou de son bébé.
Certains produits, au contraire, bénéficient d’un label « bio » qui garantit l’absence de ces substances chimiques préocuppantes. C’est le cas notamment pour les labels BDIH, Cosmébio et Nature et Progrès.
Les applications smartphones de type « Yuka » ou « UFC Que choisir : QuelCosmetic » permettent de scanner le code-barre figurant sur les produits du quotidien et d’informer la femme enceinte sur la présence ou l’absence de composés indésirables et leur degré de « dangerosité ».
Conseil : Minimiser les cosmétiques sur la peau de la femme enceinte ou allaitante, privilégier les cosmétiques les plus simples possibles.
Mis à jour le 4 mars 2022.
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