1. Accueil
  2.  » 
  3. Conseils grossesse
  4.  » 
  5. Vie quotidienne
  6.  » Environnement

Environnement

Sommaire

Introduction

Facteurs environnementaux professionnels pouvant influer sur la grossesse et organisation au sein du milieu professionnel

Les polluants chimiques

La pollution de l’air intérieur

Introduction

L’environnement de la grossesse est un terme large qui inclut tout ce qui est « externe » à l’organisme et qui peut influer sur celui-ci.
Il regroupe les expositions environnementales et celles liées aux conditions de vie.

Plusieurs éléments ont déjà été traités dans les rubriques concernant :

Les facteurs environnementaux pourraient augmenter le risque de complications obstétricales : la pollution atmosphérique, l’exposition aux solvants organiques, aux métaux lourds ou aux pesticides sont pourvoyeurs de pré-éclampsie, de petit poids pour l’âge gestationnel, de fausses couches précoces et de naissances prématurées.
Il faut donc avoir une approche globale lors d’un suivi de grossesse en recherchant non seulement les expositions comportementales les plus connues (tabac, alcool, drogues) mais aussi en identifiant ces expositions environnementales.

Facteurs environnementaux professionnels pouvant influer sur la grossesse et organisation au sein du milieu professionnel

Contraintes physiques :

Les contraintes physiques en milieu professionnel durant la grossesse, comme le port de charges lourdes et la station debout prolongée, sont prouvées comme étant des facteurs de risque d’hypotrophie fœtale et de prématurité. La patiente doit faire attention à sa posture.

Grille de risque professionnel de prématurité :

Surtout lorsqu’elles sont cumulées, elles peuvent aussi entrainer un sur-risque de :

    • Hypertension gravidique.
    • Pré-éclampsie.
    • Avortement précoce.
    • Majoration des douleurs, lombalgies et troubles musculo-squelettiques, syndromes du canal carpien.

Horaires et rythme de travail :

Les horaires et le rythme de travail ont une influence sur le déroulement de la grossesse :

    • Le travail de nuit et le travail posté semblent augmenter le taux de fausses couches et d’accouchement prématuré.
    • Un nombre important d’heures travaillées par semaine est un facteur de risque de petit poids à la naissance (variation du poids de naissance fœtal de 200 g).
    • Le stress est facteur de risque de RCIU et d’accouchement prématuré.

Ces conditions de travail chez la femme enceinte sont légiférées.
Pour en savoir plus : Consulter la page Législation du travail des Conseils grossesse – Vie quotidienne.

Exposition aux vibrations et au bruit :

Les vibrations sont un facteur de risque d’accouchement prématuré, mais il n’existe pas d’étude fiable consacrée aux effets des vibrations qui ait déterminé un niveau de seuil de dangerosité précis.
Il n’y a pas d’étude fiable évaluant le risque induit avec les vibrations provoquées par la conduite automobile ou d’engins. Par principe de précaution, il est recommandé d’éviter les longs trajets et de faire des pauses toutes les 2h.

L’exposition au bruit après 25 SA, en particulier l’exposition aux basses fréquences, peut altérer l’audition du fœtus et donc du futur bébé. Et il peut entrainer un risque d’hypotrophie fœtale, par le biais d’une surproduction maternelle de catécholamines liée au stress, et d’une vasoconstriction des vaisseaux placentaires.

Exposition à la chaleur ou au froid :

L’hyperthermie peut être source de tératogénicité d’après la littérature. L’exposition à la chaleur engendre en effet des malformations chez l’animal. Mais il n’a pas été observé de façon prouvée de malformations chez les nouveau-nés de femme enceintes exposées à la chaleur.

Aucune étude pertinente n’a été consacrée aux impacts de l’exposition au froid.
L’INRS distingue cependant des niveaux de danger de l’exposition au froid et stipule que le travail dans un environnement < 0°C est interdit à la femme enceinte ou allaitante.

Par principe de précaution, les dispositions légales de protection de la femme enceinte au travail prévoient un aménagement du poste de travail durant la période de grossesse et d’allaitement, si le médecin du travail identifie l’un de ces risques.

Les polluants chimiques

Que dit la loi à propos des risques chimiques ?

La réglementation européenne a créé des pictogrammes de couleur sur les emballages des produits dangereux pour les femmes enceintes :

D’après le CNRS.

Le code du travail (art. D.4152-9 à 11) impose à l’employeur « d’informer les femmes sur les effets potentiellement néfastes pour la reproduction, de l’exposition à certaines substances chimiques ».

Les dispositions légales de protection de la femme enceinte ou allaitante au travail prévoient l’interdiction d’emploi aux postes à risque et l’affectation à un autre poste non exposé pour les substances suivantes :

    • Aux esters thiophosphoriques.
    • Au mercure et ses composés.
    • Aux agents classés toxiques pour la reproduction de catégorie 1A et 1B, ainsi qu’aux agents ayant des effets sur l’allaitement.
    • Au benzène.
    • A certains dérivés hydrocarbures aromatiques (dérivés benzoniques nitrés et chloronitrés, dinitrophénol, aniline et homologues, benzidine et homologues, naphtylamines et homologues).
    • Aux produits antiparasitaires dont l’étiquetage indique qu’ils peuvent provoquer des altérations génétiques héréditaires ou des malformations congénitales, ou classés cancérogènes et mutagènes.
    • Au plomb métallique et ses composés.

Les solvants :

Plusieurs professions y sont exposées :

    • Les personnels des usines de fabrication et de conditionnement.
    • Les professionnels de santé (médecins, infirmiers, aides-soignants, techniciens de laboratoire).
    • Les personnels d’entretien (techniciens de surface, pressing).
    • Les personnes travaillant dans la coiffure et la cosmétique.
    • Milieu de l’imprimerie.
    • Secteur BTP.
    • Etc.

Ils peuvent être indiqués par ces pictogrammes sur les contenants.
Ils sont absorbés par les voies respiratoires et la peau, et franchissent la barrière hémato-placentaire.
Ils sont des perturbateurs endocriniens et sont tératogènes de manière effet dose-dépendant. L’Inserm a mis en évidence un risque 2,5 fois plus élevé de malformations (fentes labio-palatines, malformations rénales et des voies urinaires et malformations génitales chez le garçon) pour les femmes enceintes exposées aux solvants sur leur lieu de travail.

Les pesticides :

Surtout les organochlorés, comme le chlordécone, ou les PCDD/Fs ou dioxines, PCB et HAP sont associés à un excès de risque de prématurité.

Les métaux lourds :

Le plomb, le cadmium sont associés à un excès de risque de pré-éclampsie.
(Le plomb peut être retrouvé dans de nombreux éléments du quotidien : Peintures, plats traditionnels ou rapportés de voyages touristiques, etc …).
Le risque de saturnisme doit donc être évalué en cas de facteurs de risque d’exposition.

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques et le benzopyrène :

Sont des produits de la combustion incomplète d’hydrocarbures (gaz d’échappement, chauffage, industries, cigarettes).
Ils sont cancérigènes et neurotoxiques.
Ils entraînent chez l’enfant des troubles de l’apprentissage, de la mémorisation et de l’anxiété.

Autres composés organiques persistants controversés :

Les polychlorobiphényles (PCB), seraient associés à un excès de risque de diabète gestationnel et de cancérogénicité.

Les bisphénol (surtout le bisphénol A), sont des perturbateurs endocriniens, pouvant induire des malformations génitales. Mais aucune pathologie n’a été observée pour le moment chez l’enfant ou l’adulte. Il est très utilisé dans des matériaux en contact avec nos aliments.
Par précaution, on recommandera à la patiente de privilégier des produits frais, et d’éviter les conserves et les conditionnements en plastique pour la conservation et le réchauffage des aliments et des boissons.

Le formaldéhyde il entre dans la fabrication de résines, du bois, du papier, etc.
C’est un perturbateur endocrinien supposé cancérogène (classe 1B) et mutagène (catégorie 2).

La pollution de l’air intérieur

L’air des habitations est davantage pollué que l’air extérieur.
Quatre polluants sont particulièrement présents :

    • Le monoxyde de carbone (7 000 cas d’intoxication par an en France).
    • Le dioxyde d’azote (appareils à combustion).
    • Le formaldéhyde (polluant le plus présent au sein des habitations).
    • Les composés organiques volatils (COV).

Ces substances chimiques, même en quantité infinitésimale, sont présentes dans notre logement : meubles en aggloméré, moquettes, panneaux de particules présents dans la maison, jouets d’enfants, etc.

Que faire au quotidien pour se protéger ? Voici quelques mesures de précaution :

    • Aérer les pièces le plus souvent, si possible quotidiennement. Cela permet de faire baisser le taux de formaldéhyde présent dans l’air par exemple.
    • Porter un masque et à utiliser des gants jetables si manipulation de produits potentiellement toxique. Si des travaux doivent être réalisés au sein du domicile, la patiente doit se tenir éloignée des lieux à risque.
    • Travaux de bricolage ou de décoration (usage de peinture, vernis, colles, parfums d’intérieur, encens, bougie parfumée) sont déconseillés au domicile de la femme enceinte car ils permettent une diffusion majorée de substances potentiellement nocives.
    •  

    • Limiter l’usage des cosmétiques.
    • Limiter l’utilisation des produits ménagers du quotidien.

Mis à jour le 13 février 2022.

SOURCES :

Mariet A-S, Mauny F, Pujol S, Thiriez G, Sagot P, Riethmuller D, et al. Multiple pregnancies and air pollution in moderately polluted cities: Is there an association between air pollution and fetal growth? Environment International. 2018;121:8907.

Santé-Publique France. Accueil Santé-Environnement [Internet]; 2017. Disponible sur : http://inpes.santepubliquefrance.fr/10000/themes/sante environnement/index.asp].

Béranger R. L’impact de l’environnement sur la grossesse et le développement : données de la littérature. La Revue Sage-Femme. 1 sept 2017;16(4):23842.

Testud F, D’Amico A, Lambert-Chhum R. Exposition professionnelle aux solvants chez la femme enceinte : expérience du centre de toxicovigilance lyonnais. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement. 2011;72(4):3128.

Bretelle F, Suynach C, Perrin J, Courbiere B, Sari-Minodier I. Grossesse :« quels risques en lien avec l’environnement professionnel et extra-professionnel ? ». Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement. 2018;79(3):2989.

Backes CH, Nelin T, Gorr MW, Wold LE. Early life exposure to air pollution : How bad is it? Toxicology Letters. 10 janv 2013;216(1):4753.

D.Lafon. Avis d’experts « grossesse et travail » : synthèse sur les facteurs de risque professionnels susceptibles d’engendrer des effets sur l’enfant. INRS. 2013. 42 pages.
Disponible sur : http://sante.travail.free.fr/smt6/communic/2012-2013/2013-06-21/7-grossesse-travail-Lafon.pdf

Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF). Connaître les principaux risques professionnels pour la maternité, liés au travail de la mère. Item 28. Elsevier Masson. 4e édition 2018. Pages 555 à 565.

Ronan Garlantézec. Exposition professionnelle maternelle aux solvants organiques et malformations congénitales. Santé publique et épidémiologie. Université Paris Sud – Paris XI, 2011.

Garlantézec R, Monfort C, Rouget F, Cordier S. Maternal occupational exposure to solvents and congenital malformations : a prospective study in the general population. INSERM. Occup Environ Med. 1 juill 2009 ; 66(7):456.

Khattak S, K-Moghtader G, McMartin K, Barrera M, Kennedy D, Koren G. Pregnancy outcome following gestational exposure to organic solvents: a prospective controlled study. JAMA. 1999 Mar 24-31;281(12):1106-9. doi: 10.1001/jama.281.12.1106. PMID: 10188661.

#

Revenir aux conseils "Vie quotidienne"