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Sexualité

Sommaire

Premier trimestre

Deuxième trimestre

Troisième trimestre

Discussion autour de la sexualité et de l’image corporelle dans le post-partum

Définition

Étiologies des dyspareunies

Les troubles du plaisir et du désir

Les rapports sexuels sont possibles tout au long de la grossesse et ne doivent pas être déconseillés.

L’activité sexuelle pendant la grossesse est déterminée par des facteurs émotionnels, psychosociaux, hormonaux et anatomiques et varie au cours des trimestres.
Il a été montré que la libido diminue aux 1er et 3ème trimestres (et augmente au 2ème chez la femme), dû surtout aux transformations physiques et psychologiques sur la libido de la femme et de l’homme.

Il existe également des mythes communément admis par les patientes selon lesquels, les rapports sexuels peuvent porter atteinte au bon déroulement de la grossesse et engendrer des complications obstétricales telles qu’une fausse couche, un travail prématuré ou nuire au fœtus.

L’étude de Corbacioglu et al. sur « le rôle de la sensibilisation à la grossesse sur la fonction sexuelle féminine au début de la gestation » met en évidence que les femmes qui ignoraient leur grossesse en début de gestation avaient une fréquence significativement plus élevée de rapports sexuels comparativement à celles qui étaient au courant de leur grossesse.

Modifications physiologiques de la sexualité pendant la grossesse :

Premier trimestre
C’est une période d’adaptation qui est souvent marquée par une asthénie et une somnolence et par conséquent une diminution des performances physiques.
Il peut également survenir des nausées et vomissements ainsi que des sautes d’humeur.
Autant de petits maux qui ne favorisent pas l’intérêt sexuel.
De plus, la femme vit intensément cette nouvelle expérience d’avoir un enfant en elle et le couple est encore sous l’effet de l’annonce.
Deuxième trimestre

La diminution des symptômes physiques liés à la grossesse confère une sensation de bien-être qui favorise le retour du désir sexuel.
De plus, le cap des « 3 mois de gestation » est passé, ce qui parait plus sécuritaire pour la femme.
Seulement, la prise de poids, les modifications corporelles, la peur de nuire au bébé peuvent toujours inhiber le désir.

Troisième trimestre

C’est le tournant de la vie sexuelle des couples.
Les études montrent une baisse de l’activité sexuelle féminine par rapport aux deux premiers trimestres, où les parents se recentrent sur le bébé pour préparer sa venue.
Avec les changements corporels et notamment l’ampleur du ventre, les femmes ont des difficultés à se mouvoir ou maintenir des positions autrefois utilisées, la sexualité devient alors plus douce et les rapports vaginaux diminuent.
Il est également noté dans plusieurs études, une réduction du désir sexuel, de la jouissance sexuelle, de la fréquence de l’orgasme et de la contribution à l’initiation aux rapports sexuels par les femmes.

Un examen gynécologique voire une échographie pelvienne, peuvent être nécessaires en cas de gêne, douleur ou dyspareunie chez la femme enceinte.

Il est important d’apporter aux couples ces conseils précieux concernant les changements psychosexuels physiologiques qui peuvent survenir pendant la grossesse, car ils peuvent minimiser leur anxiété.

Discussion autour de la sexualité et de l’image corporelle dans le post-partum

Bien que la question ne soit pas toujours évidente à poser, il est légitime d’aborder la question de la reprise des rapports sexuels lors de la visite post-natale car c’est une période charnière de la vie d’une femme et du couple.
La reprise des rapports sexuels est estimée à 10 % entre 1 à 3 semaines, et 81 % à 3 mois.

En moyenne, la reprise des rapports sexuels se fait entre la 6 et 8ème semaine de post-partum.
L’interrogatoire et l’examen clinique sont essentiels pour comprendre ces troubles sexuels.

Définition

Les dyspareunies peuvent être dues à un trouble organique, ou psychologique avec des troubles du désir sexuel, néanmoins ces deux entités sont souvent imbriquées.
Elles sont provoquées par le coït.

On distingue les dyspareunies primaires (= qui apparaissent dès les premiers rapports) et les secondaires (= déclenchées après une période d’activité sexuelle satisfaisante et indolore).
Et on différencie également les dyspareunies superficielles (= douleur survenant dès l’intromission, localisée dans la région vulvaire ou vulvo-vaginale), des dyspareunies profondes (= douleur lorsque la pénétration est complète provoquant une douleur abdomino-pelvienne due à la mobilisation des organes voisins).

L’accouchement instrumental, les déchirures importantes et l’allaitement, sont des facteurs de risque.

Étiologies des dyspareunies :

Étiologies organiques des dyspareunies superficielles

 

Vulvo-vaginites

Souvent d’origine infectieuse.

Agents pathogènes : Parasite (trichomonas), champignon (candida albicans) ou à un virus (herpès, papillomavirus). Ou irritatives (toilettes intimes trop fréquentes, douches vaginales, tampon, spermicides).

Clinique : Démangeaisons vulvaires, brûlures mictionnelles, leucorrhées d’abondance variable. Une tuméfaction locale est possible.

Les cystites

Le sondage vésical évacuateur est fréquent pendant le travail et l’accouchement, ce geste invasif peut favoriser les infections urinaires basses.

Il ne faut pas hésiter à réaliser une BU devant des signes fonctionnels urinaires.

Traumatismes périnéaux

Périnée cicatriciel avec antécédent de déchirure ou d’épisiotomie.

La qualité de la réfection et la cicatrisation dicte l’apparition de potentielles dyspareunies. (Exemple : si les points sont trop serrés). Les rapports indolores sont possibles après la phase de cicatrisation.

De même une infection de la cicatrice, un œdème, un endométriome ou un hématome peuvent compliquer les lésions périnéales et majorer la douleur aux rapports.

Traitement : Si des cicatrices vulvaires sont visibles on conseillera des lubrifiants aqueux.

Atrophie vulvo-vaginale

Elle est provoquée par la disparition hormonale gravidique (les œstrogènes chutent et ne réapparaissent qu’à partir de la reprise du cycle ovarien).

Clinique : L’épithélium vaginal s’amincit, les muqueuses perdent de leur élasticité.

La lubrification est moindre occasionnant une sécheresse vulvaire et une atrophie des muqueuses.
A noter que cette sécheresse vaginale est plus marquée avec l’allaitement.

Traitement : Utilisation d’un lubrifiant pour pallier à cette sécheresse.

Vaginisme

Spasme des muscles du plancher pelvien entourant le vagin, provoquant l’occlusion de l’ouverture vaginale.

Causes : Très souvent d’ordre psychogène mais il existe des cas d’infection ou de sécheresse.

Bartholinite

Inflammation localisée de la glande ou de son canal excréteur dilaté au niveau du vestibule, entrainant une formation kystique voire une abcédation.

Diagnostic clinique : Tuméfaction douloureuse, lancinante, unilatérale, bien visible à l’inspection, et la palpation retrouve une masse fluctuante avec une douleur élective.

Étiologies organiques des dyspareunies profondes

 

Endométriose

Présence de tissu endométrial hors de la muqueuse utérine (cavité péritonéale, ovaires, organes digestifs, nodules d’endométriose en regard des cicatrices d’épisiotomie ou de césarienne).

Clinique : Douleurs (dysménorrhées, douleurs pelviennes chroniques et défécation douloureuse). Les dyspareunies sont souvent antérieures à la grossesse.

Les infections génitales hautes

Dues à la contamination de l’appareil génital par voie ascendante.

Agents pathogènes : Bactéries (streptocoque B, staphylocoque), IST (Chlamydia Trachomatis).

Causes : Travail long avec une rupture prolongée des membranes, des touchers vaginaux à répétition voir une mauvaise hygiène en suites de couches, plusieurs partenaires sexuels pour les IST.

Objectif : Diagnostic et traitement précoce de ces tableaux à bas bruits, pour limiter l’extension de l’infection au péritoine et au pelvis, et prévenir des séquelles telles que les douleurs pelviennes chroniques et les troubles de la fertilité.

Cas particulier des endométrites : provoquées par des gestes endo-utérins le plus souvent (délivrance artificielle, révision utérine), elles ne sont pas rares.

Clinique de l’endométrite : Douleur à la mobilisation, utérus mou ou au contraire hypertonique, lochies malodorantes, syndrome inflammatoire biologique et hyperthermie.
L’imagerie par scanner est souvent peu contributive.
En cas d’arguments pour une endométrite, un traitement par antibiothérapie est conseillé.

Syndrôme de Master-Allen

Lacération verticale du feuillet postérieur du ligament large survenant lors d’accouchements traumatiques (macrosomie fœtale, extractions instrumentales brutales ou maladroites).

Clinique : Douleur pelvienne et permanente, exagérée avec la fatigue et à l’orthostatisme.
Dyspareunie profonde qui persiste plusieurs heures en post-coïtal.
Le col de l’utérus présente une hypermobilité douloureuse, de même que l’utérus.
Le diagnostic est confirmé par cœlioscopie.

Traitement : Chirurgical.

Prolapsus

Est secondaire à une faiblesse des parois vaginales et du soutien musculaire périnéal qui va permettre aux organes pelviens (vessie, utérus, rectum) de produire une hernie.

Clinique : Douleurs le plus souvent lors de la pénétration, avec sensation d’un obstacle ou d’une masse. Gêne progressive au niveau de la vulve accentuée par l’orthostatisme.

Diagnostic clinique.

Rétroversion utérine

Pour 75% des femmes l’utérus est antéversé et le col est alors positionné en arrière. Quand l’utérus est retroversé, le corps utérin est caudal et le col utérin palpé en avant.
La rétroversion peut exister avant une grossesse (rétroversion congénitale) mais elle peut être aussi provoquée par la phase d’involution utérine ou par un fibrome.

Clinique : Asymptomatique le plus souvent, découverte inopinée.

Douleurs pelviennes possibles, amplifiées par l’orthostatisme, la fatigue et par les rapports sexuels.

Autres causes responsables de dyspareunies

    • Les pathologies digestives (maladie de Crohn).
    • Les fibromes utérins.
    • Les kystes.
    • Les adhérences pelviennes.
    • Les varices pelviennes (ou syndrome de congestion).

Les troubles du plaisir et du désir

La sphère intime est modifiée par l’arrivée d’un nouveau membre. Les facteurs qui freinent la reprise des relations sexuelles sont de trois ordres :

Les facteurs physiologiques

    • La fatigue et le stress (nuits courtes, sommeil perturbé, adaptation aux exigences du nouveau-né…).
    • La crainte de la douleur et les conduites d’évitement qui en découlent.
    • La perte de tonicité et de sensibilité de la zone périnéale peut réduire les sensations.
    • Les lochies : Saignements qui durent entre 3 et 5 semaines après l’accouchement.

Tant qu’il y a un écoulement, la reprise des rapports est déconseillée pour limiter le risque d’infection ascendante.

Les facteurs hormonaux

Le désir sexuel est provoqué par la prolactine qui inhibe la sécrétion de progestérone, d’œstrogène et de testostérone. Ainsi, La libido est diminuée après l’accouchement pouvant aller jusqu’à l’anorgasmie et l’anaphrodisie.

Comme nous l’avons vu plus haut, ce déficit hormonal créé de plus, une diminution de la lubrification vaginale et une atrophie génitale.

Les facteurs psychologiques, sous-tendus par

    • Les changements corporels de la femme qui peuvent la complexer (poids excédentaire, abdomen distendu, cicatrices et vergetures, varices).
    • La remise en question et le manque de confiance en soi avec l’arrivée de bébé.
    • L’asthénie et le sentiment de dépassement.
    • Le baby-blues et la dépression du post-partum.

Certains couples développent une sexualité alternative (sans pénétration) tout à fait satisfaisante, en attendant la reprise des relations sexuelles avec pénétration.

Mis à jour le 4 février 2022.

SOURCES :

Fuchs A, Czech I, Sikora J, Fuchs P, Lorek M, Skrzypulec-Plinta V, et al. Sexual Functioning in Pregnant Women. Int J Environ Res Public Health [Internet]. nov 2019 [cité 22 nov 2020];16(21). Disponible sur: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6862185/

Corbacioglu A., Bakir V.L., Akbayir O., Goksedef B.P.C., Akca A. The Role of Pregnancy Awareness on Female Sexual Function in Early Gestation. J. Sex. Med. 2012;9:1897–1903. doi: 10.1111/j.1743-6109.2012.02740

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Bartellas E, Crane JM, Daley M, Bennett KA, Hutchens D. Sexuality and sexual activity in pregnancy. BJOG. 2000 Aug;107(8):964-8

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Rogers RG, Borders Noelle, Leeman LM, Albers LL. Does Spontaneus Genital Tract Trauma Impact Postpartum Sexual Function? The American College of Nurse-Midwives. 2009 ; 54(2).

Woranitat W, Taneepanichskul S. Sexual function during the postpartum period. J Med Assoc Thail Chotmaihet Thangphaet. Sept 2007;90 (9) : 1744-8

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