Esthétique

Sommaire

Définition d’un cosmétique

L’article L.513 du code de la santé publique (modifié par la loi du 5 janvier 2011 N°2011-12 – article 8) définit un cosmétique comme étant « toute substance ou mélange destiné à être mis en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et organes génitaux externes, ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles ».

A savoir : La réglementation européenne, qui a créé les pictogrammes avertissant de limiter l’exposition à des substances chimiques, ne s’applique pas aux produits cosmétiques.

Des données incertaines

L’utilisation des cosmétiques conventionnels chez la femme enceinte est parfois controversée et manque de données fiables d’études cliniques de haut niveau de preuve.

Milieu de la coiffure

Les méta-analyses soulignent des effets sur la reproduction pour les professionnels du milieu de la coiffure, mais elles ne permettent pas pour autant d’incriminer les produits capillaires.

Par mesure de précaution, il est recommandé :

• De limiter les colorations capillaires durant la grossesse. Elles contiennent plusieurs solvants et colorants. Si elles sont faites à domicile, la patiente doit utiliser des gants.
• La patiente doit éviter toute inhalation respiratoire de produit volatile (type laque, etc.).

Maquillage

Parfum, rouge à lèvre et vernis à ongles sont à éviter durant la grossesse. Notamment le vernis à ongle car c’est le produit cosmétique le plus riche en perturbateurs endocriniens. Selon une étude de Noteo, institut indépendant de notation des produits du quotidien, qui analyse les compositions à travers une application :

• 74% des vernis à ongles en contiennent.
• 71% des fonds de teint en contiennent.
• Puis viennent les fards à paupières pour les yeux, les démaquillants, les rouges à lèvre, etc.

De plus les vernis à ongle contiennent du formaldéhyde, afin de durcir l’ongle, or il a été classé en 2004 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) dans le groupe des « substances cancérogènes avérées pour l’homme (groupe 1) pour les cancers du nasopharynx par inhalation ».

Enfin, toute trace de vernis doit être retirée en fin de grossesse en cas de passage au bloc opératoire pour césarienne.

L’utilisation du khôl ou du surma peut être responsable d’intoxication au plomb.

Enfin de nombreux cosmétiques contiennent de l’éthanol et tout topique cutané présente un risque de passage systémique.
Mais on manque de données épidémiologiques et toxicologiques concernant son utilisation régulière en cosmétique lors de la grossesse.

Salons d’esthétique

Globalement, aucun soin en institut n’est contre-indiqué. Sauf les cabines de bronzage à UV qui ne sont pas recommandées, à toute la population pas seulement aux femmes enceintes, car les rayons UV augmentent le vieillissement cutané et les risques de développer un cancer de la peau.

Les traitements par voie cutanée à base de rétinoïdes (trétinoïne, isotrétinoïne, adapalène, tazarotène), principalement utilisés dans le traitement de l’acné, sont contre-indiqués chez la femme enceinte ou planifiant une grossesse. Le rétinol (dérivé de la vitamine A) peut être photosensibilisant, potentiellement irritant, voire tératogène pour le fœtus.

Le Crat indique qu’en cas de découverte de grossesse durant le traitement, il faut rassurer la patiente quant au risque malformatif et modifier le traitement avec une thérapie anti-acnéique compatible avec l’état de grossesse :

• Le peroxyde de Benzoyle, envisageable quel que soit le terme.
• Les antibactériens locaux (clindamycine, érythromycine ou acide azélaique) sont envisageables quel que soit le terme.
• Le zinc, sur les acnés très inflammatoires, est possible à partir du 2e trimestre, à condition d’être pris seul, sans autres cures d’oligoéléments supplémentaires.

Pour en savoir plus : https://lecrat.fr/spip.php?page=article&id_article=1113

Les crèmes à base de rétinol ont aussi des vertues anti-âge, ce type de crème peut donc en contenir. Il faut donc être vigilant sur la composition de ce type de produits et éviter autant que possible les produits contenant du rétinol pendant la grossesse.

Tatouages et grossesse

La grossesse n’est pas le moment idéal pour la réalisation de tatouage car elle expose la femme enceinte et l’enfant à naître à des risques évitables.
Les encres utilisées lors d’un tatouage sont de qualité très hétérogène. Elles peuvent contenir des métaux lourds tels que le mercure, le fer, le baryum, le cuivre, ou l’aluminium.
De plus, l’utilisation d’aiguilles présentent un risque infectieux évident. Il est donc nécessaire que cela soit réalisé dans les conditions les plus aseptiques possibles.

Les tatouages éphémères au henné peuvent également s’avérer toxiques, s’ils sont mélangés à certains produits tels que le PPD (paraphenylènediamine). Ils peuvent aussi être à l’origine de dermatoses ou des réactions allergiques (eczéma, urticaire, œdème de Quincke, …).

A savoir : Les tatouages dans la région lombaire peuvent être des contre-indications à la réalisation de péridurale selon certains anesthésistes.

Les dermatologues et obstétriciens déconseillent donc formellement toute pratique de tatouage durant la grossesse et chez la femme allaitante.

Conseils à prodiguer à la femme enceinte

• Par précaution, on conseille de limiter l’exposition à l’ensemble des cosmétiques aux femmes enceintes.
• Il est nécessaire de vérifier la composition des produits artisanaux ou dits « biologiques » car ils ne sont pas une garantie absolue.
• Préférer des cosmétiques avec des listes d’ingrédients restreintes ou des cosmétiques spécialisés pour la femme enceinte avec certains labels, faisant l’objet d’une mention spéciale « destiné aux femmes enceintes ».
• Les tatouages ne sont pas strictement contre-indiqués mais sont à éviter.
• Les crèmes anti-acnéiques et anti-âge ne doivent pas contenir de dérivés de la vitamine A (acide rétinoïque, rétinol, rétinal).

Mis à jour le 12 février 2022.

Pr Jacques Lansac et Pr Bernard Hédon. Le grand livre de ma grossesse. Chapitre « Votre beauté ». Éditions Eyrolles. 2019. Pages 351 à 355

D. Lafon et al. Exposition aux produits cosmétiques et risques pour la grossesse chez les professionnelles de la coiffure. Article de revue de l’INRS. Juin 2014. 23 Pages.

Masson E. Intoxication saturnine provoquée par l’usage prolongé de khôl, une cause sous-estimée dans les pays francophones [Internet]. EM-Consulte. Disponible sur : https://www.em-consulte.com/article/225867/intoxication-saturnine-provoquee-par-lusage-prolon

Marie C, Cabut S, Vendittelli F, Sauvant-Rochat MP. Changes in Cosmetics Use during Pregnancy and Risk Perception by Women. Int J Environ Res Public Health. 2016 Mar 30;13(4):383. doi: 10.3390/ijerph13040383. PMID: 27043593; PMCID: PMC4847045.