Modifications biologiques
liées à la grossesse
La grossesse a une incidence sur les valeurs de référence biologiques utilisées pour l’interprétation des dosages.
Modifications hématologiques
La grossesse a un impact sur la volémie, qui croît régulièrement jusqu’à la 35e semaine, de 30 à 50%.
Une faible myélémie est possible (métamyélocytes + myélocytes < 5%), ainsi que la présence de corps de Döhle dans les PNN.
La ferritinémie décroît (pas d’intérêt à réaliser son dosage avant le 2e trimestre) en particulier s’il n’existe pas de signes de carence martiale.
Modifications de l’hémostase
La grossesse est une situation d’hypercoagulabilité qui entraine une modification des facteurs de l’hémostase :
Au niveau plasmatique, les facteurs procoagulants s’élèvent (à l’exception des facteurs XI et XIII), cela participe à l’augmentation de la synthèse de thrombine et de fibrinogène.
Cet état se normalise en 3 à 6 semaines dans le post-partum.
Modifications biochimiques
SANGUINE :
Les folates sériques diminuent.
LA CRP de 5 à 15 mg/L est stable et est donc un marqueur fiable pendant la grossesse.
URINAIRE :
Glycosurie modérée physiologique pendant la grossesse par abaissement du seuil rénal du glucose.
Protéinurie : seuil < 0,30 g/24 h. Pas d’albuminurie.
Modifications du bilan endocrinien
Il existe une action TSH-like de l’hCG, ce qui va perturber la fonction thyroïdienne et donc le dosage biologique de la TSH, surtout au 1er trimestre.
La T4L et la T3L diminuent au 3e trimestre
L’iodémie est abaissée.
La cortisolémie est augmentée (rythme nycthéméral conservé)
La cortisolurie augmente au 3e trimestre.
L’ACTH n’est pas modifiée.
La rénine et l’aldostérone ainsi que la testostérone et la delta4-androsténedione sont augmentées (par élévation de la SHBG).
Car l’augmentation des stéroïdes sexuels (estrogènes et progestérone) est responsable d’un effondrement des gonadotrophines (FSH et LH) dès le début de la grossesse.
La prolactine sérique s’élève jusqu’au 3e trimestre pour atteindre un seuil à environ 300 ng/mL.
Modifications du bilan hépatique
Il existe un ralentissement de la vidange vésiculaire chez les femmes enceintes (Sludge vésiculaire à l’échographie chez 30% d’entre elles).
Modifications du bilan lipidique
La lipogenèse et la lipolyse sont accrues et les triglycérides plasmatiques augmentent. Il n’y a pas lieu de réaliser un bilan systématique d’exploration des anomalies lipidiques lors de la grossesse.
Pendant la grossesse, il existe une altération de la tolérance du glucose avec hyperinsulinisme et insulinorésistance, néanmoins la glycémie comprise en 3,9 et 5,8 mmol/L est censée rester stable. Elle bénéficiera d’une HGPO si elle présente une glycémie à jeun augmentée ou des critères d’indications à réaliser l’HGPO (Voir hyperglycémie et diabète).
Mis à jour le 14 janvier 2022.
SOURCES :
Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français et de la Conférence Nationale des PU-PH en gynécologie-obstétrique. Gynécologie Obstétrique [Internet]. iPublishcentral. collège de gynécologie obstétrique. Elsevier Masson 4e édition. Disponible sur: https://www.elsevierelibrary.fr/product/gyncologie-obsttrique15187236
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Balloch AJ et al, Reference ranges for haematology parameters in pregnancy derived from patient populations. Clin Lab Haematol 1993;15(1) :7-14.
Conard J. Hémostase et grossesse. Manuel d’hémostase. Coll Option/Bio. Elsevier Ed, 1995.
Blanc BJ et al. Les constantes biologiques de la grossesse. Encyl Med Chir-obstet 5010A10, 1998.
Isabelle Hervo-Desmeure. Modifications physiologiques de la grossesse. PDF. Ecole de sage-femme de Nantes.