1. Accueil
  2.  » 
  3. Infections
  4.  » Parvovirus B19

Parvovirus B19

Sommaire

Histoire naturelle et physiopathologie

Épidémiologie

Transmission materno fœtale

Facteurs de risque d’infection à PB19

Manifestations cliniques

Complications

Pronostic

Méthodes de dépistage et diagnostique

Traitement

Histoire naturelle et physiopathologie

Le parvovirus B19 humain est un érythrovirus, de la famille des Parvoviridae. C’est un virus à ADN, qui ne possède pas d’enveloppe virale.
C’est un virus ubiquitaire saisonnier (fin hiver et début du printemps).
Il se transmet par voie respiratoire, par transmission gouttelettes.
Il est responsable d’infections généralement bénignes.

Sa pathogénicité concerne surtout les patients immunodéprimés et les femmes enceintes car c’est un virus à tropisme érythrocytaire : Le récepteur cellulaire du parvovirus B19 est l’antigène P érythrocytaire situé sur les précurseurs des érythroblastes.
Une exposition au virus en cours de grossesse nécessite donc une surveillance particulière pour détecter précocement la contamination chez la mère et une éventuelle infection chez le fœtus.
L’infection à parvovirus B19 (PB19), est aussi appelée mégalérythème épidémique ou « 5ème maladie ».

Incubation : 4 à 20 jours (en moyenne 15 jours).
Période de contagiosité : 7 à 10 jours avant les signes cliniques. Il existe donc peu de transmissibilité à partir de l’apparition des signes cliniques.

Épidémiologie

Cette infection est ubiquitaire : 2 à 10% des enfants sont immunisés avant 5 ans, et 50 % après l’âge de 5 ans. Cette séroprévalence augmente donc avec l’âge. Cette infection survient le plus souvent chez des sujets jeunes, mais peut aussi s’observer chez l’adulte jeune.

40% des femmes enceintes sont séronégatives. Le risque de contamination maternelle et donc de séroconversion durant la grossesse est de 1,5 %.
Le risque de transmission fœtale de 30 % (soit environ 1/3 de cas de primo-infection chez une femme enceinte).

Transmission materno fœtale

Ce risque de transmission fœtale augmente à mesure de l’évolution de la grossesse : de 0 % à 1 mois à 67 % entre 29 et 32 SA.
Ce virus franchit la barrière placentaire et peut être responsables de conséquences fœtales graves (cf complications). Seule la primo-infection chez les femmes enceintes séro-négatives peut avoir des conséquences sur le fœtus. La transmission materno-foetale n’a donc lieu qu’au cours d’une primo-infection.

Il faut rechercher cette maladie face à 4 situations :

    • Une éruption cutanée faisant évoquer une infection à PB19 ou toute éruption indéterminée.
    • L’apparition d’arthralgies ou d’un syndrome grippal maternel.
    • Une notion de contage dans l’entourage.
    • Une découverte d’une anasarque fœtoplacentaire lors d’une échographie (signe possible d’anémie fœtale sévère).

Facteurs de risque d’infection à PB19

Les facteurs de risques sont :

Enfants en bas âge (âge préscolaire et scolaire) dans l’entourage proche.
Métiers au contact de la petite enfance : Les membres du personnel soignant de pédiatrie (exemple : puéricultrices) et les membres autour de l’éducation institutrices (institutrice, ATSEM, etc).
Transfusions sanguines (exceptionnel) : Si don de sang au moment de la phase virémique lorsque le sujet est asymptomatique.

Manifestations cliniques

Elles sont asymptomatiques dans environ 20-30% des cas.

Chez l’enfant, l’éruption peut être assez caractéristique : Eruption maculo-papuleuse rose pâle légèrement œdémateuse (débute par les joues puis s’étend au tronc et aux extrémités), un état pseudo-grippal fébrile et parfois des arthralgies (10 % des cas).

Rash « en dentelle » ou « souffleté », d’après Coll Dr Frances Pierre

Atteinte des extremités, d’après Pr P-J Weiller

Atteinte du tronc, tiré de John Kaprelian, science photo library

Autres iconographies disponibles sur : http://dermatologie.free.fr/cas65rep.htm

En cas de symptômes chez l’adulte, ils sont souvent anodins et peu spécifiques : fébricule, arthralgies (1/3 des cas), éruption cutanée (érythème maculeux). Les arthralgies sont plus fréquentes chez l’adulte et en particulier chez la femme (polyarthrites bilatérales et symétriques d’installation brutale). La résolution des arthralgies se fait en 2 à 3 semaines et il n’y a pas de séquelles articulaires.
Il n’y a pas d’anémie chez le sujet immunocompétent.

Complications

Dans la majorité des cas, la primo-infection maternelle est sans conséquence sur le fœtus. Ce virus entraîne des complications différentes selon l’âge gestationnel :

Jusqu’à 20 SA : Le risque est celui de fausse couche spontanée ou tardive (11 à 15 %) voire de MFIU.

Après 20SA : Le virus est lytique pour les proérythroblastes fœtaux. Les hématies fœtales ayant une durée de vie plus courte, l’infection entraîne une anémie plus ou moins sévère, responsable d’une hypoxémie et d’une hyperviscosité sanguine. Ceci expliquant l’apparition d’une insuffisance cardiaque et d’un tableau d’anasarque chez le fœtus (1% des cas), pouvant aboutir à une MFIU
Une anasarque sévère est une indication d’exanguino-transfusion in utero..

Peuvent survenir également : Une thrombopénie, une neutropénie, une myocardite.
Des cas de méningites et d’encéphalites sont rapportés.
Le taux de perte fœtale est estimé à 10 % des séroconversions maternelles.

Pronostic

Si le fœtus survit, le pronostic est plutôt bon puisque le taux de guérison sans séquelle s’élève à plus de 70 % des cas.
Les séquelles sont surtout les conséquences d’une anémie sévère prolongée.

Méthodes de dépistage et diagnostique

Il n’existe pas de dépistage sérologique systématique des infections maternelles à PB19 durant la grossesse.

En cas de suspicion d’infection maternelle ou de signe fœtal évocateur, il faut faire pratiquer une sérologie maternelle immédiatement (test ELISA) afin de détecter la présence d’anticorps spécifiques anti-parvovirus B19 et prouver une séroconversion :

Si la sérologie est négative : La femme est non immunisée, un contrôle doit être effectué à 15j d’intervalle dans le même laboratoire, car l’infection peut être en cours d’incubation.
Si des anticorps spécifiques sont présents (IgG et IgM) : une primo-infection ou une infection plus ancienne sont possibles.
Les IgM augmentent avant la phase éruptive et persistent jusqu’à 5 mois. Elles se négativent ensuite.
Les IgG sont détectables 7 jours après le début des symptômes.

Recours à l’archivage de sérums conservés issus des examens de début de grossesse pour prouver ou dater l’infection maternelle + PCR sur sang maternel.

En cas de séroconversion prouvée (une augmentation des anticorps IgG à 15j d’intervalle) : Un avis spécialisé auprès d’un CPDPN doit être demandé car une infection maternelle nécessite une surveillance échographique fœtale rapprochée.

Algorithme décisionnel selon le CNGOF : conduite à tenir en cas de contage avec le parvovirus B19

Traitement

Il n’existe pas de traitement contre l’infection à parvovirus B19 curatif ou préventif (vaccin).

Mis à jour le 2 mars 2022.

SOURCES :

Brochot C, Debever P, Subtil D, Puech F – Quelles surveillance et thérapeutique appliquer en cas de contage avec le Parvovirus B19 en cours de grossesse ? Gynécol Obstét Fertil. 2008 ; 36 (2) : 204-11.

INRS. Infection à Parvovirus B19. Mise à jour en juin 2015. 4 pages.

Morel O, Chagnaud S, Laperrelle J, Clément D, Malartic C, Akerman G, et al. Parvovirus B19 et grossesse : revue de la littérature. Gynécologie Obstétrique & Fertilité. 1 nov 2007;35(11):1095104.

Subtil D, Garabedian C, Chauvet A. Infection à parvovirus B19 et grossesse. La Presse Médicale. 2015;44(6, Part 1):64753.

Lassen J, Bager P, Wohlfahrt J, Böttiger B et al. – Parvovirus B19 infection in pregnancy and subsequent morbidity and mortality in offspring. Int J Epidemiol. 2013 ; 42 (4) : 1070-76.

Dr A. Lamouroux. Infections et grossesse. CHU Nimes. DIU « Formation complémentaire en gynécologie obstétrique pour le médecin généraliste ». CHU Nimes. Juin 2020.

CNGOF. Prévention des risques fœtaux : infection, médicaments, toxiques, irradiation. Item 26. Elsevier Masson. 4e édition 2018. Page 364.